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mords d’un crime, vous vous souviendrez d’une action charitable et juste… Remercions Dieu de ce qu’il a changé votre fureur aveugle en un sentiment de compassion ! Invoquons-le… pour que vous-mêmes et tous ceux que vous aimez tendrement ne courent jamais l’affreux danger auquel cet infortuné vient d’échapper… Ô mes frères, ajouta Gabriel en montrant le Christ avec une émotion touchante et rendue plus communicative encore par l’expression de sa figure angélique, ô mes frères, n’oublions jamais que celui qui est mort sur cette croix pour la défense des opprimés, obscurs enfants du peuple comme nous, a dit ces tendres paroles, si douces au cœur : Aimons-nous les uns les autres !… Ne les oublions jamais ! aimons-nous, mes frères ! secourons-nous, et nous autres, pauvres gens, nous en deviendrons meilleurs, plus heureux et plus justes ! Aimons-nous !… aimons-nous, mes frères, et prosternons-nous devant le Christ, ce Dieu de tout ce qui est opprimé, faible et souffrant en ce monde !

Ce disant, Gabriel s’agenouilla.

Tous l’imitèrent respectueusement, tant sa parole simple, convaincue, était puissante.

À ce moment, un singulier incident vint ajouter à la grandeur de cette scène :

Nous l’avons dit, peu d’instants avant que la