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tout à comprendre la lâcheté féroce de l’acte qu’elle voulait commettre.

Personne n’osait plus aller frapper isolément cet homme expirant.

Tout à coup, le père d’Aigrigny poussa une sorte de râle d’agonie, sa tête et l’un de ses bras se relevèrent par un mouvement convulsif, puis retombèrent aussitôt sur la dalle comme s’il eût expiré.

Gabriel poussa un cri d’angoisse et se jeta à genoux auprès du père d’Aigrigny en disant :

— Grand Dieu ! il est mort…

Singulière mobilité de la foule si impressionnable pour le mal comme pour le bien.

Au cri déchirant de Gabriel, ces gens, qui un instant auparavant, demandaient à grands cris le massacre de cet homme, se sentirent presque apitoyés.

Ces mots : Il est mort ! circulèrent à voix basse dans la foule, avec un léger frémissement, pendant que Gabriel soulevait d’une main la tête appesantie du père d’Aigrigny, et, de l’autre, cherchait son pouls à travers son épiderme glacé.

— M. le curé, dit le carrier en se penchant vers Gabriel, vraiment, est-ce qu’il n’y a plus de ressource ?…

La réponse de Gabriel fut attendue avec