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— Non…, reprit Gabriel avec une chaleur croissante, non, vous voulez répandre le sang, et vous le répandrez jusque dans le temple du Seigneur… C’est, dites-vous, votre droit… Vous faites acte de terrible justice… Mais alors pourquoi tant de bras robustes pour achever cet homme expirant ? Pourquoi ces cris ? ces fureurs ? ces violences ? Est-ce donc ainsi que s’exercent les jugements du peuple, du peuple équitable et fort ? Non, non, lorsque, sûr de son droit, il frappe son ennemi… il le frappe avec le calme du juge qui, en son âme et conscience, rend un arrêt… Non, le peuple équitable et fort ne frappe pas en aveugle, en furieux, en poussant des cris de rage comme s’il voulait s’étourdir sur quelque lâche et horrible assassinat… Non, ce n’est pas ainsi que doit s’accomplir le redoutable droit que vous voulez exercer à cette heure… car vous le voulez…

— Oui, nous le voulons, s’écrièrent le carrier, Ciboule, et plusieurs des plus impitoyables, tandis qu’un grand nombre restaient muets, frappés des paroles de Gabriel, qui venaient de leur peindre, sous de si vives couleurs, l’acte affreux qu’ils voulaient commettre.

— Oui, reprit le carrier, c’est notre droit ; nous voulons tuer l’empoisonneur…