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naire saisi d’une inspiration subite, oui, qu’il meure à l’instant…

Ces mots du jeune prêtre frappèrent la foule de stupeur.

Pendant quelques secondes, ces hommes, muets, immobiles, et pour ainsi dire paralysés, regardèrent Gabriel avec une surprise ébahie.

— Cet homme est coupable, dites-vous, reprit le jeune missionnaire d’une voix tremblante d’émotion, vous l’avez jugé, sans preuves, sans témoins ; qu’importe ?… il mourra… Vous lui reprochez d’être un empoisonneur ;… et ses victimes ? où sont-elles ? Vous l’ignorez… Qu’importe ? il est condamné… Sa défense, ce droit sacré de tout accusé… vous refusez de l’entendre ;… qu’importe encore ?… son arrêt est prononcé. Vous êtes à la fois accusateurs, juges et bourreaux… Soit !… vous n’avez jamais vu cet infortuné, il ne vous a fait aucun mal, vous ne savez s’il en a fait à quelqu’un… et devant les hommes, vous prenez la terrible responsabilité de sa mort… vous entendez bien… de sa mort. Qu’il en soit donc ainsi, votre conscience vous absoudra ;… je le veux croire… Le condamné mourra ; il va mourir ; la sainteté de la maison de Dieu ne le sauvera pas…

— Non… non…, crièrent plusieurs voix avec acharnement.