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gagner le chœur, séparé par une grille du reste de l’église.

— Vite, mon père !… ajouta Gabriel avec effroi en maintenant de toutes ses forces la porte vigoureusement assiégée, hâtez-vous !… Mon Dieu ! hâtez-vous !… Dans quelques minutes… il sera trop tard.

Puis le missionnaire ajouta avec désespoir :

— Et être seul… seul pour arrêter l’invasion de ces insensés…

Il était seul, en effet.

Au premier bruit de l’attaque, trois ou quatre sacristains et autres employés de la fabrique se trouvaient dans l’église ; mais ces gens, épouvantés, se rappelant le sac de l’archevêché et de Saint-Germain l’Auxerrois, avaient aussitôt pris la fuite ; les uns se réfugièrent et se cachèrent dans les orgues, où ils montèrent rapidement ; les autres se sauvèrent par la sacristie, dont ils fermèrent la porte en dedans, enlevant ainsi tout moyen de retraite à Gabriel et au père d’Aigrigny.

Ce dernier, courbé en deux par la douleur, écoutant les pressantes paroles du missionnaire, s’aidant des chaises qu’il rencontrait sur son passage, faisait de vains efforts pour atteindre la grille du chœur… Au bout de quelques pas, vaincu par l’émotion, par la souffrance, il chan-