Et déjà serré de toutes parts, le père d’Aigrigny trébuchait sur le corps de Goliath.
— Mes amis, s’écria le jésuite, qui, sans être empoisonneur, se trouvait dans une terrible alternative, car son flacon renfermait des sels préservatifs d’une grande force, aussi dangereux à boire que du poison, mes braves amis, vous vous méprenez ; au nom de Notre-Seigneur, je vous jure que…
— Si ce n’est pas du poison… bois donc ! reprit le carrier en présentant de nouveau le flacon au jésuite.
— Si tu ne bois pas, à mort ! comme ton camarade, puisque, comme lui, tu empoisonnes le peuple !
— Oui… à mort !… à mort !…
— Mais, malheureux ! s’écria le père d’Aigrigny, les cheveux hérissés de terreur, vous voulez donc m’assassiner ?
— Et tous ceux que toi et ton camarade vous avez empoisonnés, brigands ?
— Mais cela n’est pas vrai… et…
— Bois, alors…, répéta l’inflexible carrier, une dernière fois… décide-toi.
— Boire… cela, mais c’est la mort…[1] ! s’écria le père d’Aigrigny.
- ↑ Le fait est historique : un homme a été massacré