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bien, aussi… merci… ma brave et bonne Céphyse ;… oui, tu as été bonne et brave ;… tu as eu raison… car je n’ai jamais aimé que toi au monde… et si, dans mon abrutissement, j’avais une idée qui me sortît un peu de la fange… qui me fît regretter de n’être pas meilleur… cette pensée-là me venait toujours à propos de toi… Merci donc, ma pauvre amie, dit Jacques dont les yeux ardents et secs devinrent humides, merci encore !

Et il tendit sa main déjà froide à Céphyse.

— Si je meurs… je mourrai content… si je vis… je vivrai heureux aussi ;… ta main… ma brave Céphyse, ta main… tu as agi en honnête et loyale créature…

Au lieu de prendre la main que Jacques lui tendait, Céphyse, toujours agenouillée, courba la tête et n’osa pas lever les yeux sur son amant.

— Tu ne réponds pas, dit celui-ci en se penchant vers la jeune fille ; tu ne prends pas ma main… pourquoi cela ?

La malheureuse créature ne répondit que par des sanglots étouffés ; écrasée de honte, elle se tenait dans une attitude si humble, si suppliante, que son front touchait presque les pieds de son amant.

Jacques, stupéfait du silence et de la conduite de la reine Bacchanal, la regardait avec