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veille ; on ne pouvait prêter à l’Amour un plus charmant visage et des formes plus gracieuses. Vêtue d’une tunique bleue pailletée, portant un bandeau bleu et argent sur ses cheveux châtains, et deux petites ailes transparentes derrière ses blanches épaules, l’Amour, croisant sur son index gauche son index droit, faisait, de temps à autre (qu’on excuse cette trivialité), faisait très-gentiment et très-impertinemment ratisse au bonhomme Choléra.

Autour du groupe principal, d’autres masques plus ou moins grotesques agitaient des bannières sur lesquelles on lisait ces inscriptions, très-anacréontiques pour la circonstance :


Enterré le Choléra !

Courte et bonne !

Il faut rire… rire, et toujours rire !

Les flambards flamberont le Choléra !

Vive l’amour !

Vive le vin !

Mais viens-y donc, mauvais fléau !


Il y avait réellement tant d’audacieuse gaieté dans cette mascarade que le plus grand nombre des spectateurs, au moment où elle défila sur le parvis pour se rendre chez le restaurateur où le dîner l’attendait, applaudirent à plusieurs