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soi les bâtiments de l’Hôtel-Dieu. Un peu plus loin, une échappée de vue permettait d’apercevoir le parapet du quai Notre-Dame.

Sur la muraille noirâtre et lézardée de l’arcade on pouvait lire un placard récemment appliqué ; il portait ces mots tracés au moyen d’un poncif et de lettres de cuivre[1].

Vengeance… vengeance…

Les gens du peuple qui se font porter dans les hôpitaux y sont empoisonnés, parce qu’on trouve le nombre des malades trop considérable ; chaque nuit des bateaux remplis de cadavres descendent la Seine.

Vengeance et mort aux assassins du peuple !

Deux hommes enveloppés de manteaux et à demi cachés dans l’ombre de la voûte écoutaient avec une curiosité inquiète une rumeur qui s’élevait de plus en plus menaçante du milieu d’un rassemblement tumultueusement groupé aux abords de l’Hôtel-Dieu.

  1. On sait que lors du choléra des placards pareils furent répandus à profusion dans Paris et tour à tour attribués à différents partis, entre autres au parti prêtre, plusieurs évêques ayant publié des mandements ou fait dire dans les églises de leur diocèse que le bon Dieu avait envoyé le choléra pour punir la France d’avoir chassé ses rois légitimes et assimilé le culte catholique aux autres cultes.