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— Ce que j’ai fait de plus que vous ? dit Rodin au père d’Aigrigny en cédant à son impertinente habitude d’interruption, ce que j’ai fait de mieux que vous ? Quel pas j’ai fait faire à l’affaire Rennepont, après l’avoir reçue de vous absolument désespérée ? Est-ce cela que vous voulez savoir ?

— Positivement, dit sèchement le père d’Aigrigny.

— Eh bien ! je l’avoue, reprit Rodin d’un ton sardonique, autant vous avez fait de grandes choses, de grosses choses, de turbulentes choses,… autant, moi, j’en ai fait de petites, de puériles, de cachées ! Mon Dieu oui ! moi qui osais me donner pour un homme à larges vues, vous ne sauriez imaginer le sot métier que je fais depuis six semaines.

— Je ne me serais jamais permis d’adresser un tel reproche à Votre Révérence… si mérité qu’il parût, dit le père d’Aigrigny avec un sourire amer.

— Un reproche ? dit Rodin en haussant les épaules, un reproche ? vous voilà jugé. Savez-vous ce que j’écrivais de vous il y a six semaines ? Le voici : « Le père d’Aigrigny a d’excellentes qualités, il me servira beaucoup (et dès demain je vous emploierai très-activement, dit Rodin en manière de parenthèse), mais, ajoutais-je,