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vous n’avez malheureusement pas en France[1].

Après quelques instants de silence, le cardinal dit tout à coup au père d’Aigrigny :

— Puisque nous parlons du père Rodin… franchement, qu’en pensez-vous ?…

— Votre Éminence connaît sa capacité… dit le père d’Aigrigny d’un air contraint et défiant ; notre révérend père général…

— Lui a donné mission de vous remplacer, dit le cardinal ; je sais cela ; il me l’a dit à Rome ; mais que pensez-vous… du caractère du père Rodin ?… Peut-on avoir en lui une foi complètement aveugle ?

— C’est un esprit si tranchant, si entier, si secret, si impénétrable… dit le père d’Aigrigny avec hésitation, qu’il est difficile de porter sur lui un jugement certain…

— Le croyez-vous ambitieux ?… dit le cardinal après un nouveau moment de silence. Ne le supposez-vous pas capable d’avoir d’autres visées… que celle de la plus grande gloire de sa compagnie ?… Oui… j’ai des raisons pour vous parler ainsi… ajouta le prélat avec intention.

— Mais, reprit le père d’Aigrigny non sans

  1. On sait qu’à cette heure (1845) l’inquisition, les réclusions en in pace, etc., existent encore à Rome.