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aiguisées d’un hachis d’esturgeon aux quatre épices.

À côté de ces œuvres sérieuses venaient des œuvres plus légères, de petits biscuits soufflés à l’ananas, des fondantes aux fraises, primeur alors fort rare, des gelées d’oranges servies dans l’écorce entière de ces fruits artistement vidés à cet effet ; rubis et topazes, les vins de Bordeaux, de Madère et d’Alicante étincelaient dans de larges flacons de cristal, tandis que le vin de Champagne et deux aiguières de porcelaine de Sèvres remplies, l’une de café à la crème et l’autre de chocolat à la vanille ambrée, arrivaient presque à l’état de sorbets, plongés qu’ils étaient dans un grand rafraîchissoir d’argent ciselé, rempli de glace.

Mais ce qui donnait à cette friande collation un caractère singulièrement apostolique et romain, c’étaient certains produits de l’office religieusement élaborés. Ainsi on remarquait de charmants petits calvaires en pâte d’abricot, des mitres sacerdotales pralinées, des crosses épiscopales en massepain auxquelles la princesse avait joint, par une attention toute pleine de délicatesse, un petit chapeau de cardinal en sucre de cerise, orné de cordelières en fil de caramel ; la pièce la plus importante de ces sucreries catholiques, le chef-d’œuvre du chef