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subissant malgré lui la fascination des conseils diaboliques de Faringhea, regarda pendant une seconde mademoiselle de Cardoville bien en face, prit, d’une main tremblante, le bouquet de Rose-Pompon, puis jetant de nouveau les yeux sur Adrienne, il effleura le bouquet de ses lèvres.

À cette outrageante bravade, mademoiselle de Cardoville ne put retenir un tressaillement si brusque, si douloureux, que le prince en fut frappé.

— Elle est à vous… lui dit le métis ; voyez-vous, monseigneur, comme elle a frémi… de jalousie ;… elle est à vous, courage ! et bientôt elle vous préférera à ce beau jeune homme qui est derrière elle… car c’est lui… qu’elle croyait aimer jusqu’ici.

Et comme si le métis eût deviné le soulèvement de rage et de haine que cette révélation devait exciter dans le cœur du prince, il ajouta rapidement :

— Du calme… du dédain… N’est-ce pas cet homme qui maintenant doit vous haïr ?

Le prince se contint et passa la main sur son front, que la colère avait rendu brûlant.

— Mon Dieu ! qu’est-ce que vous lui contez donc qui l’agace comme ça ? dit Rose-Pompon à Faringhea d’un ton boudeur.