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s’arrêtant où je m’arrêtais, afin de ne jamais manquer une de mes représentations… Mais deux jours avant que d’arriver à Paris, il m’avait abandonné… je m’en croyais délivré, ajouta Morok en soupirant.

— Délivré… comme tu dis cela !… reprit Jacques surpris ; une si bonne pratique, un admirateur pareil !

— Oui, dit Morok de plus en plus morne et accablé, ce misérable-là… a parié une somme énorme que je serais dévoré devant lui pendant un de mes exercices ;… il espère gagner son pari ;… voilà pourquoi il ne me quitte pas.

Couche-tout-Nu trouva l’idée de l’Anglais d’une excentricité si réjouissante, que, pour la première fois depuis longtemps, il partit d’un rire des plus francs.

Morok, devenant blême de rage, se précipita sur lui d’un air si menaçant, que Goliath fut obligé de s’interposer.

— Allons… allons, dit Jacques, ne te fâche pas, puisque c’est sérieux… je ne ris plus…

Morok se calma et dit à Couche-tout-Nu d’une voix sourde :

— Me crois-tu lâche ?

— Non, pardieu !

— Eh bien ! pourtant, cet Anglais à figure