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raines qui, selon la tradition, existaient entre les caves de la maison et des endroits très-éloignés : des personnes mystérieuses et inconnues avaient pu ainsi s’introduire deux ou trois fois par siècle dans l’intérieur de cette demeure.

Absorbé par ces pensées, Samuel se rapprochait de la cheminée, qui, nous l’avons dit, se trouvait absolument en face de la fenêtre.

Un vif rayon de soleil, perçant les nuages, vint resplendir sur deux grands portraits placés de chaque côté de la cheminée, que le juif n’avait pas encore remarqués, et qui, peints en pied et de grandeur naturelle, représentaient l’un une femme, l’autre un homme.

À la couleur à la fois sobre et puissante de cette peinture, à sa touche large et vigoureuse, on reconnaissait facilement une œuvre magistrale.

L’on aurait d’ailleurs difficilement trouvé des modèles plus capables d’inspirer un grand peintre.

La femme paraissait âgée de vingt-cinq à trente ans ; une magnifique chevelure brune à reflets dorés couronnait son front blanc, noble et élevé ; sa coiffure, loin de rappeler celle que madame de Sévigné avait mise à la mode durant le siècle de Louis XIV, rappelait, au con-