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Le bruit de la marche pesante du juif résonnait sous la haute coupole de ce vestibule ; le petit-fils d’Isaac Samuel éprouva un sentiment mélancolique en songeant que les pas de son aïeul avaient sans doute retenti les derniers dans cette demeure, dont il avait fermé les portes cent cinquante ans auparavant, car l’ami fidèle en faveur duquel M. de Rennepont avait simulé de vendre cette maison, s’était plus tard dessaisi de cet immeuble pour le mettre sous le nom du grand-père de Samuel, qui l’avait ainsi transmis à ses descendants, comme s’il se fût agi de son héritage.

À ces pensées, qui absorbaient Samuel, venait se joindre le souvenir de la lumière vue le matin à travers les sept ouvertures de la chape de plomb du belvédère ; aussi, malgré la fermeté de son caractère, le vieillard ne put s’empêcher de tressaillir lorsque, après avoir pris une seconde clef à son trousseau, clef sur l’étiquette de laquelle on lisait : clef du salon rouge, il ouvrit une grande porte à deux battants, conduisant aux appartements intérieurs.

La fenêtre qui, seule de toutes celles de la maison, avait été ouverte, éclairait cette vaste pièce, tendue de damas dont la teinte pourpre foncé n’avait pas subi la moindre altération ;