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vieillard, après avoir cherché dans son trousseau de clefs celle dont il avait besoin, l’introduisit dans la serrure, et fit rouler la porte sur ses gonds.

Aussitôt il se sentit frappé au visage par une bouffée d’air humide et froid, comme celui qui s’exhale d’une cave brusquement ouverte.

La porte soigneusement refermée en dedans et à double tour, le juif s’avança dans le vestibule, éclairé par une sorte de trèfle vitré ménagé au-dessus du cintre de la porte ; les carreaux avaient à la longue perdu leur transparence, et ressemblaient à du verre dépoli.

Ce vestibule, dallé de losanges de marbre alternativement blanc et noir, était vaste, sonore, et formait la cage d’un grand escalier conduisant au premier étage. Les murailles de pierre lisse et unie n’offraient pas la moindre apparence de dégradation ou d’humidité ; la rampe de fer forgé ne présentait pas la moindre trace de rouille ; elle était soudée, au-dessus de la première marche, à un fût de colonne en granit gris, qui soutenait une statue de marbre noir représentant un nègre portant une torchère. L’aspect de cette figure était étrange ; les prunelles de ses yeux étaient de marbre blanc.