Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 5-6.djvu/680

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Que te reste-t-il donc, pauvre Sensitive, ainsi que t’appelait ta tendre mère ?

Que te reste-t-il pour te consoler de ce dernier amour perdu… de cette amitié que l’infamie a tuée dans ton cœur ?

Oh ! il te reste ce coin de monde créé à ton image, cette petite colonie si paisible, si florissante, où, grâce à toi, le travail porte avec soi sa joie et sa récompense ; ces dignes artisans que tu as faits si heureux, si bons, si reconnaissants… ne te manqueront pas… eux… C’est là aussi une affection sainte et grande ;… qu’elle soit ton abri au milieu de cet affreux bouleversement de tes croyances les plus sacrées…

Le calme de cette riante et douce retraite, l’aspect du bonheur sans pareil que tes créatures y goûtent, reposeront ta pauvre âme si endolorie, si saignante qu’elle ne vit plus que par la souffrance.

Allons !… te voilà bientôt au faîte de la colline, d’où tu peux apercevoir au loin, dans la plaine, ce paradis des travailleurs dont tu es le dieu béni et adoré.

M. Hardy était arrivé au sommet de la colline.

À ce moment, l’incendie, contenu pendant quelque temps, éclatait avec une furie nou-