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dire souterrain, semblait peut-être plus sinistre encore que les cris forcenés.

Les Loups arrivèrent bientôt en face de cette porte en chêne massif.

Au moment où le carrier levait un formidable marteau de tailleur de pierres sur l’un des battants… ce battant s’ouvrit brusquement.

Quelques-uns des assaillants les plus déterminés allaient se précipiter par cette entrée ; mais le carrier se recula en étendant les bras, comme pour modérer cette ardeur et imposer silence aux siens ; alors ceux-ci se groupèrent et s’entassèrent autour de lui.

La porte entr’ouverte laissait apercevoir un gros d’ouvriers, malheureusement peu nombreux, mais dont la contenance annonçait la résolution ; ils s’étaient armés à la hâte de fourches, de pinces de fer, de bâtons ; Agricol, placé à leur tête, tenait à la main son lourd marteau de forgeron.

Le jeune ouvrier était très-pâle ; on voyait, au feu de ses prunelles, à sa physionomie provocante, à son assurance intrépide, que le sang de son père bouillait dans ses veines, et qu’il pouvait, dans une lutte pareille, devenir terrible. Pourtant il parvint à se contenir, et dit au carrier d’une voix ferme :

— Que voulez-vous ?