gnie avait pris de vous… vous aviez fait, dis-je, une donation future de ce que vous pouviez posséder, non pas à nous… mais aux pauvres, dont nous sommes les tuteurs-nés.
— Eh bien ! mon père ? demanda Gabriel, ignorant encore où tendait ce préambule.
— Eh bien ! mon cher fils… maintenant que vous voilà sûr de jouir de quelque aisance… vous voulez sans doute, en vous séparant de nous, annuler cette donation faite par vous en d’autres temps.
— Pour parler clairement, vous parjurez votre serment parce que nous sommes persécutés et parce que vous voulez reprendre vos dons, ajouta Rodin d’une voix aiguë, comme pour résumer d’une manière nette et brutale la position de Gabriel envers la compagnie de Jésus.
À cette accusation infâme, Gabriel ne put que lever les mains et les yeux au ciel en s’écriant avec une expression déchirante :
— Oh mon Dieu ! mon Dieu !
Le père d’Aigrigny, après avoir échangé un regard d’intelligence avec Rodin, dit à celui-ci d’un ton sévère, afin de paraître le gourmander de sa trop rude franchise :
— Je crois que vous allez trop loin ; notre cher fils aurait agi de la manière fourbe et lâche que vous dites, s’il avait été instruit de sa