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que l’on ne m’abusait pas, si j’avais vu une lettre d’un haut personnage de la cour de Vienne qui offrait à un homme fidèle au culte de l’empereur les moyens d’entrer en relation avec le roi de Rome… et peut-être de l’enlever à ses bourreaux…

— Et ensuite, dit l’artisan en regardant fixement son fils, une fois Napoléon II libre ?

— Ensuite !… s’écria le maréchal.

Puis il dit au vieillard d’une voix contenue :

— Voyons, mon père, croyez-vous la France insensible aux humiliations qu’elle endure ?… Croyez-vous le souvenir de l’empereur éteint ?… Non, non, c’est surtout dans ces jours d’abaissement pour le pays que son nom sacré est invoqué tout bas… Que serait-ce donc, si ce nom glorieux apparaissait à la frontière, revivant dans son fils ? Croyez-vous que le cœur de la France entière ne battrait pas pour lui ?

— C’est une conspiration… contre le gouvernement actuel… avec Napoléon II pour drapeau, reprit l’ouvrier ; c’est grave.

— Mon père, je vous ai dit que j’étais bien malheureux ; eh bien ! jugez-en…, s’écria le maréchal. Non-seulement je me demande si je dois abandonner mes enfants et vous pour me jeter dans les hasards d’une entreprise aussi audacieuse ;… mais je me demande… si je ne suis