lutter avec autant d’énergie que de courage pour amener le triomphe d’une idée honnête et équitable ?
— Oui, mais plus j’avance dans ma carrière, plus les choses laides, honteuses, me causent d’aversion, et moins je me sens la force de les affronter.
— S’il le fallait, vous auriez plus de courage, mon ami.
— Mon bon Marcel, reprit M. Hardy avec une émotion douce et contenue, bien souvent je vous l’ai dit : mon courage, c’était ma mère. Voyez-vous, ami, lorsque j’arrivais auprès d’elle, le cœur déchiré par quelque horrible ingratitude, ou révolté par quelque fourberie sordide, et que, prenant mes deux mains entre ses mains vénérables, elle me disait de sa voix tendre et grave : « Mon cher enfant, c’est aux ingrats et aux fripons à être navrés ; plaignons les méchants ; oublions le mal ; ne songeons qu’au bien…, » alors, ami, mon cœur, douloureusement contracté, s’épanouissait à la sainte influence de cette parole maternelle, et chaque jour je trouvais auprès d’elle la force nécessaire pour recommencer le lendemain une lutte cruelle contre les tristes nécessités de ma condition ; heureusement, Dieu a voulu qu’après avoir perdu cette mère chérie, j’aie pu rattacher