Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 5-6.djvu/624

Cette page a été validée par deux contributeurs.

était large et ouvert, son teint pâle, ses yeux noirs, à la fois remplis de douceur et de pénétration, sa physionomie loyale, spirituelle et attrayante.

Un seul mot peindra le caractère de M. Hardy : sa mère l’appelait la Sensitive ; c’était, en effet, une de ces organisations d’une finesse, d’une délicatesse exquises, aussi expansives, aussi aimantes que nobles et généreuses, mais d’une telle susceptibilité, qu’au moindre froissement elles se replient et se concentrent en elles-mêmes.

Si l’on joint à cette excessive sensibilité un amour passionné pour les arts, une intelligence d’élite, des goûts essentiellement choisis, raffinés, et que l’on songe aux mille déceptions ou déloyautés sans nombre dont M. Hardy avait dû être victime dans la carrière industrielle, on se demande comment ce cœur si délicat, si tendre, n’avait pas été mille fois brisé dans cette lutte incessante contre les intérêts les plus impitoyables.

M. Hardy avait en effet beaucoup souffert : forcé de suivre la carrière industrielle pour faire honneur à des affaires que son père, modèle de droiture et de probité, avait laissées un peu embarrassées par suite des événements de 1815, il était parvenu, à force de travail, de