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ce que tous les ouvriers de la fabrique doivent à M. Hardy.

— M. Agricol, dit Angèle en nouant les rubans de son joli bonnet, quel dommage que votre bonne petite sœur adoptive ne soit pas avec nous !

— La Mayeux ? vous avez raison, mademoiselle, mais ce ne sera que partie remise, et la visite qu’elle nous a faite hier ne sera pas la dernière…

La jeune fille, après avoir embrassé sa mère, sortit avec Agricol dont elle prit le bras.

— Mon Dieu ! M. Agricol, dit Angèle, si vous saviez combien j’ai été surprise en entrant dans cette belle maison, moi qui étais habituée à voir tant de misère chez les pauvres ouvriers de notre province… misère que j’ai partagée aussi… tandis qu’ici tout le monde a l’air si heureux, si content !… C’est comme une féerie, en vérité ; je crois rêver, et quand je demande à ma mère l’explication de cette féerie, elle me répond : « M. Agricol t’expliquera cela. »

— Savez-vous pourquoi je suis si heureux de la douce tâche que je vais remplir, mademoiselle ? dit Agricol avec un accent à la fois grave et tendre, c’est que rien ne pouvait venir plus à propos.

— Comment cela, M. Agricol ?