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L’argent qui accompagnait cette lettre et la façon insultante dont il lui était offert confirmaient encore ses soupçons. On voulait que la peur de la misère ne fût pas un obstacle à sa sortie de la maison.

Le parti de la Mayeux fut pris avec cette résignation calme et décidée qui lui était familière…

Elle se leva ; ses yeux, brillants et un peu hagards, ne versaient pas une larme ; depuis la veille elle avait trop pleuré ; d’une main tremblante et glacée, elle écrivit ces mots sur un papier qu’elle laissa à côté du billet de cinq cents francs.


« Que mademoiselle de Cardoville soit bénie du bien qu’elle m’a fait, et qu’elle me pardonne d’avoir quitté sa maison, où je ne puis rester désormais. »


Ceci écrit, la Mayeux jeta au feu la lettre infâme qui semblait lui brûler les mains… Puis, donnant un dernier regard à cette chambre meublée presque avec luxe, elle frémit involontairement en songeant à la misère qui l’attendait de nouveau, misère plus affreuse encore que celle dont jusqu’alors elle avait été victime, car la mère d’Agricol était partie avec Gabriel, et la malheureuse enfant ne devait même plus, comme autrefois, être consolée dans sa détresse