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ment de pitié, de tendresse, dans cette foule, lorsque ce pauvre petit s’est écrié : Que devenir ?… je n’ai plus ni père ni mère !…

« Malheureux enfant !… c’est vrai, ni père ni mère… me disais-je… Livré à un maître brutal qui le couvre à peine de quelques guenilles et le maltraite ;… couchant sans doute dans le coin d’une écurie… pauvre petit ! il est encore doux et bon, malgré la misère et le malheur… Je l’ai bien vu, il était plus reconnaissant que joyeux du bien qu’on lui faisait… Mais peut-être cette bonne nature, abandonnée, sans appui, sans conseils, sans secours, exaspérée par les mauvais traitements, se faussera, s’aigrira… Puis viendra l’âge des passions… puis les excitations mauvaises…

« Ah !… chez le pauvre déshérité, la vertu est doublement sainte et respectable. »




« …Ce matin, après m’avoir, comme toujours, doucement grondée de ce que je n’allais pas à la messe, la mère d’Agricol m’a dit ce mot si touchant dans sa bouche ingénument croyante : « Heureusement, je prie plus pour toi que pour moi, ma pauvre Mayeux ; le bon