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n’importe, je m’armai de courage ; j’avais un parapluie à la main… je m’approchai du cheval, et avec l’impétuosité d’une fourmi qui voudrait ébranler une grosse pierre avec un brin de paille, je donnai de toute ma force un grand coup de parapluie sur la croupe du récalcitrant animal.

« — Ah ! merci ! ma bonne dame, s’écria l’enfant en essuyant ses larmes, frappez-le encore une fois, s’il vous plaît ; il se remuera peut-être.

« Je redoublai héroïquement ; mais, hélas ! le cheval, soit méchanceté, soit paresse, fléchit les genoux, se coucha, se vautra sur le pavé ; puis s’embarrassant dans son harnais, il le brisa et rompit son grand collier de bois ; je m’étais éloignée bien vite dans la crainte de recevoir des coups de pied… L’enfant, devant ce nouveau désastre, ne put que se jeter à genoux au milieu de la rue ; puis joignant les mains en sanglotant, il s’écria d’une voix désespérée :

« — Au secours !… au secours !…

« Ce cri fut entendu, plusieurs passants s’attroupèrent, une correction beaucoup plus efficace que la mienne fut administrée au cheval rétif, qui se releva… mais dans quel état, grand Dieu ! étant sans harnais !