Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 5-6.djvu/511

Cette page a été validée par deux contributeurs.

vers Dieu que de rester parmi ses créatures… c’est le sentiment du devoir… Il ne faut pas songer qu’à soi.

« Et je me disais aussi : Dieu est bon… toujours bon… puisque les êtres les plus déshérités… trouvent encore à aimer… à se dévouer. Comment se fait-il qu’à moi si faible et si infime… il m’ait toujours été donné d’être secourable ou utile à quelqu’un ?

« Ainsi… aujourd’hui… j’étais bien tentée d’en finir avec la vie ;… ni Agricol ni sa mère n’avaient plus besoin de moi… Oui… mais ces malheureux dont mademoiselle de Cardoville m’a fait la Providence ?… Mais ma bienfaitrice elle-même… quoiqu’elle m’ait affectueusement grondée de la ténacité de mes soupçons sur cet homme ?… Plus que jamais je suis effrayée pour elle… plus que jamais… je la sens menacée ;… plus que jamais j’ai foi à l’utilité de ma présence auprès d’elle…

« Il faut donc vivre…

« Vivre pour aller voir demain cette jeune fille… qu’Agricol aime éperdument ?

« Mon Dieu !… pourquoi donc ai-je toujours connu la douleur et jamais la haine ?… Il doit y avoir une amère jouissance dans la haine… Tant de gens haïssent !… Peut-être vais-je la haïr… cette jeune fille… Angèle… comme