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un accent déchirant. Et le fiacre a continué de marcher. Bientôt le cabriolet a passé devant moi ; j’ai vu à côté du cocher un homme grand, gros et rouge qui, m’ayant vu courir après le fiacre, s’est peut-être douté de quelque chose, car il m’a regardé d’un air inquiet.

— Et quand arrive M. Hardy ? reprit la Mayeux.

— Demain ou après-demain ; maintenant, ma bonne Mayeux, conseille-moi… Cette jeune dame aime M. Hardy, c’est évident. Elle est sans doute mariée, puisqu’elle avait l’air très-embarrassée en me parlant et qu’elle a poussé un cri d’effroi en apprenant qu’on la suivait… Que dois-je faire ?… J’avais envie de demander avis au père Simon ; mais il est si rigide !… Et puis à son âge… une affaire d’amour !… Au lieu que toi, ma bonne Mayeux, qui es si délicate et si sensible… tu comprendras cela.

La jeune fille tressaillit, sourit avec amertume ; Agricol ne s’en aperçut pas et continua :

— Aussi je me suis dit : « Il n’y a que la Mayeux qui puisse me conseiller. » En admettant que M. Hardy revienne demain, dois-je lui dire ce qui s’est passé, ou bien ?…

— Attends donc…, s’écria tout à coup la Mayeux en interrompant Agricol et en paraissant rassembler ses souvenirs, lorsque je suis allée