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répondit Rodin avec un sourire ironique, s’attendant à voir le jeune homme exprimer une sorte de dépit comique ou de regret courroucé.

Il n’en fut rien.

À l’enthousiasme amoureux, passionné, qui avait un instant éclaté sur les traits du prince, succéda une expression respectueuse et touchante ; il regarda Rodin avec attendrissement, et lui dit d’une voix émue :

— Cette femme est donc pour moi… une mère ?

Il est impossible de rendre avec quel charme à la fois pieux, mélancolique et tendre, l’Indien accentua le mot une mère !

— Vous l’avez dit, mon cher prince, cette respectable dame veut être une mère pour vous… Mais je ne puis pas révéler la cause de l’affection qu’elle vous porte… Seulement, croyez-moi, cette affection est sincère ; la cause en est honorable ; si je ne vous en dis pas le secret, c’est que chez nous les secrets des femmes, jeunes ou vieilles, sont sacrés.

— Cela est juste, et son secret sera sacré pour moi ; sans la voir, je l’aimerai avec respect. Ainsi l’on aime Dieu sans le voir…

— Maintenant, cher prince, laissez-moi vous dire quelles sont les intentions de votre maternelle amie… Cette maison restera toujours à vo-