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Le jeune Indien réfléchit un instant, et reprit :

— J’ai des amis, puisque je suis ici dans ce palais qui ne m’appartient pas.

— En effet… vous avez des amis… d’excellents amis…, répondit Rodin.

À ces mots, la figure de Djalma sembla s’embellir encore. Les plus nobles sentiments se peignirent tout à coup sur cette mobile et charmante physionomie ; ses grands yeux noirs devinrent légèrement humides ; après un nouveau silence, il se leva, disant à Rodin d’une voix émue :

— Venez.…

— Où cela, cher prince ?… dit l’autre fort surpris.

— Remercier mes amis… j’ai attendu trois jours ;… c’est long.

— Permettez, cher prince… permettez… j’ai à ce sujet bien des choses à vous apprendre, veuillez vous rasseoir.

Djalma se rassit docilement sur son fauteuil. Rodin reprit :

— Il est vrai… vous avez des amis… ou plutôt vous avez un ami ; les amis sont rares.

— Mais vous ?

— C’est juste… Vous avez donc deux amis, mon cher prince : moi… que vous connaissez…