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et même votre pipe si le cœur vous en dit.

Mais Djalma, au lieu de se rendre à l’invitation de Rodin et de s’étendre sur le divan selon son habitude, s’assit sur un fauteuil, malgré les instances du vieillard au cœur bon, ainsi qu’il appelait le jésuite.

— En vérité, vos formalités me désolent, mon cher prince, lui dit Rodin ; vous êtes ici chez vous, au fond de l’Inde, ou du moins nous désirons que vous croyiez y être.

— Bien des choses me rappellent ici mon pays, dit Djalma d’une voix douce et grave. Vos bontés me rappellent mon père, et celui qui l’a remplacé auprès de moi, ajouta l’Indien en songeant au maréchal Simon, dont on lui avait jusqu’alors, et pour cause, laissé ignorer l’arrivée.

Après un moment de silence, il reprit d’un ton rempli d’abandon, en tendant sa main à Rodin :

— Vous voilà ! je suis heureux.

— Je comprends votre joie, mon cher prince, car je viens vous déprisonner… ouvrir votre cage… Je vous avais prié de vous soumettre à cette petite réclusion volontaire, absolument dans votre intérêt.

— Demain je pourrai sortir ?

— Aujourd’hui même, mon cher prince.