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tous les yeux seraient fixés sur elle avec envie, elle ne se sentait pour ainsi dire que trop sûre d’elle-même ; loin de craindre de mal choisir, elle craignait de ne pas trouver parmi qui choisir, tant son goût s’était épuré ; puis, eût-elle même rencontré son idéal, elle avait une manière de voir à la fois si étrange et pourtant si juste, si extraordinaire et pourtant si sensée, sur l’indépendance et sur la dignité que la femme devait, selon elle, conserver à l’égard de l’homme, qu’inexorablement décidée à ne faire aucune concession à ce sujet, elle se demandait si l’homme de son choix accepterait jamais les conditions jusqu’alors inouïes qu’elle lui imposerait.

En rappelant à son souvenir les prétendants possibles qu’elle avait jusqu’alors vus dans le monde, elle se souvenait du tableau malheureusement très-réel tracé par Rodin avec une verve caustique au sujet des épouseurs. Elle se souvenait aussi, non sans un certain orgueil, des encouragements que cet homme lui avait donnés, non pas en la flattant, mais en l’engageant à poursuivre l’accomplissement d’un dessein véritablement grand, généreux et beau.

Le courant ou le caprice des pensées d’Adrienne l’amena bientôt à songer à Djalma.

Tout en se félicitant de remplir envers ce