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meubler cette belle habitation, dont le luxe et l’élégance venaient d’être encore augmentés de toutes les merveilles du pavillon de l’hôtel de Saint-Dizier.

Le monde trouvait fort extraordinaire qu’une jeune fille de l’âge et de la condition de mademoiselle de Cardoville eût pris la résolution de vivre complètement seule, libre, et de tenir sa maison ni plus ni moins qu’un garçon majeur, une toute jeune veuve ou un mineur émancipé.

Le monde faisait semblant d’ignorer que mademoiselle de Cardoville possédait ce que ne possèdent pas tous les hommes majeurs et deux fois majeurs : un caractère ferme, un esprit élevé, un cœur généreux, un sens très-droit et très-juste.

Jugeant qu’il lui fallait, pour la direction subalterne et pour la surveillance intérieure de sa maison, des personnes fidèles, Adrienne avait écrit au régisseur de la terre de Cardoville et à sa femme, anciens serviteurs de la famille, de venir immédiatement à Paris ; M. Dupont devant ainsi remplir les fonctions d’intendant, et madame Dupont celles de femme de charge. Un ancien ami du père de mademoiselle de Cardoville, le comte de Montbron, vieillard des plus spirituels, jadis homme fort à la mode, mais toujours très-connaisseur en