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Si elles sortent avec vous, vous me permettrez de les suivre à quelques pas sans les quitter de l’œil, ni plus ni moins que ferait Rabat-Joie, qui s’est montré meilleur gardien que moi. Une fois le maréchal arrivé… et ce sera d’un jour à l’autre, la consigne sera levée… Dieu veuille qu’il arrive bientôt.

— Oui, reprit Rodin d’une voix ferme, Dieu veuille qu’il arrive bientôt, car il aura à demander un terrible compte de la persécution de ses filles à l’abbé d’Aigrigny, et pourtant M. le maréchal ne sait pas tout encore…

— Et vous ne tremblez pas pour le renégat ? reprit Dagobert en pensant que bientôt peut-être le marquis se trouverait face à face avec le maréchal.

— Je ne tremble ni pour les lâches ni pour les traîtres, répondit Rodin. Et lorsque M. le maréchal Simon sera de retour…

Puis, après une réticence de quelques instants, il continua :

— Que M. le maréchal me fasse l’honneur de m’entendre, et il sera édifié sur la conduite de l’abbé d’Aigrigny. M. le maréchal saura que ses amis les plus chers sont, autant que lui-même, en butte à la haine de cet homme si dangereux.

— Comment donc cela ? dit Dagobert.

— Eh ! mon Dieu ! vous-même, dit Rodin,