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lettre du maréchal ; il a débarqué au Havre ; depuis trois jours, j’ai fait démarches sur démarches, espérant que les orphelines me seraient rendues, puisque la machination de ces misérables avait échoué. (Et il montra Rodin avec un nouveau geste de colère). Eh bien ! non… ils complotent encore quelque infamie. Je m’attends à tout…

— Mais, monsieur, dit Rodin s’avançant, permettez-moi de vous…

— Sortez ! s’écria Dagobert, dont l’irritation et l’anxiété redoublaient en songeant que d’un moment à l’autre le maréchal Simon pouvait arriver à Paris ; sortez… car, sans mademoiselle… je me serais au moins vengé sur quelqu’un…

Rodin fit un signe d’intelligence à Adrienne, dont il se rapprocha prudemment, lui montra Dagobert d’un geste de commisération touchante, et dit à ce dernier :

— Je sortirai donc, monsieur, et… d’autant plus volontiers, que je quittais cette chambre quand vous y êtes rentré.

Puis, se rapprochant tout à fait de mademoiselle de Cardoville, le jésuite lui dit à voix basse :

— Pauvre soldat !… la douleur l’égare ; il serait incapable de m’entendre. Expliquez-lui