à ses idées à elle… lorsque pour la première fois de sa vie elle voyait cet homme dangereux.
Adrienne oubliait ou plutôt ignorait qu’elle avait affaire à un jésuite d’une rare intelligence, et que ceux-là unissent les connaissances et les ressources mystérieuses de l’espion de police à la profonde sagacité du confesseur ; prêtres diaboliques, qui, au moyen de quelques renseignements, de quelques aveux, de quelques lettres, reconstruisent un caractère, comme Cuvier reconstruisait un corps d’après quelques fragments zoologiques.
Adrienne, loin d’interrompre Rodin, l’écoutait avec une curiosité croissante.
Sûr de l’effet qu’il produisait, celui-ci continua d’un ton indigné :
— Et votre tante et l’abbé d’Aigrigny vous traitaient d’insensée parce que vous vous révoltiez contre le joug futur de ces tyranneaux ! parce qu’en haine des vices honteux de l’esclavage, vous vouliez être indépendante avec les loyales qualités de l’indépendance, libre avec les fières vertus de la liberté !
— Mais, monsieur, dit Adrienne de plus en plus surprise, comment mes pensées peuvent-elles vous être aussi familières ?
— D’abord, je vous connais parfaitement, grâce à votre entretien avec madame de Saint-