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XVI


Le secrétaire du père d’Aigrigny.


À peine le magistrat et le docteur Baleinier eurent-ils disparu, que mademoiselle de Cardoville, dont le visage rayonnait de bonheur, s’écria en regardant Rodin avec un mélange de respect et de reconnaissance :

— Enfin, grâce à vous, monsieur… je suis libre… Libre !… Oh ! je n’avais jamais senti tout ce qu’il y a de bien-être, d’expansion, d’épanouissement dans ce mot adorable… liberté !

Et le sein d’Adrienne palpitait ; ses narines roses se dilataient, ses lèvres vermeilles s’entr’ouvraient comme si elle eût aspiré avec délices un air vivifiant et pur.

— Je suis depuis peu de jours dans cette horrible maison, reprit-elle ; mais j’ai assez souffert de ma captivité pour faire vœu de rendre chaque année quelques pauvres prisonniers pour dettes à la liberté. Ce vœu vous paraît sans doute un peu moyen âge, ajouta-t-elle en souriant, mais il ne faut pas prendre à cette noble