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avertir M. le magistrat… lui prouver ce que j’avançais et l’accompagner ici. C’est ce que j’ai fait.

— Ainsi, M. le magistrat, reprit le docteur Baleinier, ce n’est pas seulement moi que cet homme accuse, mais il ose accuser encore…

— J’accuse M. l’abbé d’Aigrigny, reprit Rodin d’une voix haute et tranchante en interrompant le docteur, j’accuse madame de Saint-Dizier, je vous accuse, vous, monsieur, d’avoir, par un vil intérêt, séquestré mademoiselle de Cardoville dans cette maison et les filles de M. le maréchal Simon dans le couvent. Est-ce clair ?

— Hélas ! ce n’est que trop vrai, dit vivement Adrienne ; j’ai vu ces pauvres enfants bien éplorées me faire des signes de désespoir.

L’accusation de Rodin, relative aux orphelines, fut un nouveau et formidable coup pour le docteur Baleinier. Il fut alors surabondamment prouvé que le traître avait complètement passé dans le camp ennemi… Ayant hâte de mettre un terme à cette scène si embarrassante, il dit au magistrat, en tâchant de faire bonne contenance, malgré sa vive émotion :

— Je pourrais, monsieur, me borner à garder le silence et dédaigner de telles accusations, jusqu’à ce qu’une décision judiciaire leur eût