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— C’est à mademoiselle que j’expliquerai le motif de mon silence, monsieur, en la priant de vouloir bien l’excuser, répondit le magistrat. (Et il s’inclina profondément devant Adrienne, à laquelle il continua de s’adresser.) Il vient de m’être fait à votre sujet une déclaration si grave, mademoiselle, que je n’ai pu m’empêcher de rester un moment muet et recueilli à votre aspect, tâchant de lire sur votre physionomie, dans votre attitude, si l’accusation que l’on avait déposée entre mes mains était fondée… et j’ai tout lieu de croire qu’elle l’est en effet.

— Pourrais-je enfin savoir, monsieur, dit le docteur Baleinier d’un ton parfaitement poli, mais ferme, à qui j’ai l’honneur de parler ?

— Monsieur, je suis juge d’instruction, et je viens éclairer ma religion sur un fait que l’on m’a signalé…

— Veuillez, monsieur, me faire l’honneur de vous expliquer, dit le docteur en s’inclinant.

— Monsieur, reprit le magistrat, nommé M. de Gernande, homme de cinquante ans environ, rempli de fermeté, de droiture, et sachant allier les austères devoirs de sa position avec une bienveillante politesse, monsieur, on vous reproche d’avoir commis une… erreur fort grave, pour ne pas employer une expression plus fâcheuse… Quant à l’espèce de cette er-