Expliquez-vous, dit Adrienne avec une inquiétude croissante.
— Mais, enfant que vous êtes, s’écria le jésuite de robe courte d’un air convaincu, croyez-vous donc qu’une fois la justice saisie d’une affaire, on arrête son cours et son action où l’on veut, et comme l’on veut ? Quand vous sortirez d’ici, vous déposerez une plainte contre moi et contre votre famille, n’est-ce pas ? Bien ! qu’arrive-t-il ? La justice intervient, elle s’informe, elle fait citer des témoins, elle entre dans les investigations les plus minutieuses. Alors, que s’ensuit-il ? Que cette escalade nocturne, que la supérieure du couvent a un certain intérêt à tenir cachée dans la peur du scandale, que cette tentative nocturne, dis-je, que je ne voulais pas non plus ébruiter, se trouve forcément divulguée, et comme il s’agit d’un crime fort grave qui entraîne une peine infamante, la justice prend l’initiative, se met à la recherche de ces malheureux, et si, comme il est probable, ils sont retenus à Paris soit par quelques devoirs, soit par leur profession, soit même par la trompeuse sécurité où ils sont, probablement convaincus d’avoir agi dans un motif honorable, on les arrête ; et qui aura provoqué cette arrestation ? vous-même, en déposant contre nous.