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ter sur moi, mais qu’à son tour il me serve activement. »

Cette manière familière de correspondre avec le plus puissant dignitaire de l’ordre ; le ton presque protecteur de la recommandation que Rodin adressait à un cardinal-prince, prouvaient assez que le socius, malgré son apparente subalternité, était, à cette époque, regardé comme un homme très-important par plusieurs princes de l’Église ou autres dignitaires, qui lui adressaient leurs lettres à Paris sous un faux nom, et d’ailleurs chiffrées avec les précautions et les sûretés d’usage.

Après plusieurs moments de méditation contemplative passés devant le portrait de Sixte-Quint, Rodin revint lentement à sa table, où était cette lettre, que par une sorte d’atermoiement superstitieux il avait différé d’ouvrir, malgré sa vive curiosité.

Comme il s’en fallait encore de quelques minutes que l’aiguille de sa montre marquât neuf heures et demie, Rodin, afin de ne pas perdre de temps, fit méthodiquement les apprêts de son frugal déjeuner ; il plaça sur sa table, à côté d’une écritoire garnie de plumes, le pain et le radis noir ; puis s’asseyant sur son tabouret, ayant pour ainsi dire le poêle entre ses jambes, il tira de son gousset un couteau à manche de