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nir, car ces mots sortaient de sa bouche en grosses lettres bleues : Sarà papa (il sera pape).

Le second de ces objets d’art qui semblaient inspirer les profondes méditations de Rodin, était une excellente gravure en taille douce, dont le fini précieux, le dessin à la fois hardi et correct contrastaient singulièrement avec la grossière enluminure de l’autre image.

Cette rare et magnifique gravure, payée par Rodin six louis (luxe énorme), représentait un jeune garçon vêtu de haillons. La laideur de ses traits était compensée par l’expression spirituelle de sa physionomie vigoureusement caractérisée ; assis sur une pierre, entouré çà et là d’un troupeau qu’il gardait, il était vu de face, accoudé sur son genou, et appuyant son menton dans la paume de sa main.

L’attitude pensive, réfléchie, de ce jeune homme, vêtu comme un mendiant, la puissance de son large front, la finesse de son regard pénétrant, la fermeté de sa bouche rusée, semblaient révéler une indomptable résolution jointe à une intelligence supérieure et à une astucieuse adresse.

Au-dessous de cette figure, les attributs pontificaux s’enroulaient autour d’un médaillon au centre duquel se voyait une tête de vieillard dont les lignes, fortement accentuées, rappe-