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Pendant quelques moments, un silence de tombe régna dans le salon.

Rodin l’interrompit le premier. Toujours impassible, il montra d’un geste impérieux au père d’Aigrigny la table où, quelques moments auparavant, il était, lui, Rodin, modestement assis, et lui dit d’une voix brève :

— Écrivez !

Le révérend père tressaillit d’abord de surprise, puis se souvenant que de supérieur il était devenu subalterne, il se leva, s’inclina devant Rodin en passant devant lui, alla s’asseoir à la table, prit la plume, et, se retournant vers Rodin, lui dit :

— Je suis prêt…

Rodin dicta ce qui suit et le révérend père écrivit :

« Par l’inintelligence du révérend père d’Aigrigny, l’affaire de l’héritage Rennepont a été gravement compromise aujourd’hui. La succession se monte à deux cent douze millions. Malgré cet échec, on croit pouvoir formellement s’engager à mettre la famille Rennepont hors d’état de nuire à la compagnie, et à faire restituer à ladite compagnie les deux cent douze millions qui lui appartiennent légitimement… On demande seulement les pou-