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d’une famille qui nous menace si dangereusement, et dont les biens, dérobés à notre compagnie, nous sont d’une nécessité capitale ?… Comment ! nous ne serons pas assez habiles pour obtenir ce résultat sans maladroites violences, sans crimes compromettants ?… Mais vous ignorez donc les immenses ressources d’anéantissement mutuel ou partiel que peut offrir le jeu des passions humaines, habilement combinées, opposées, contrariées, surexcitées, et surtout lorsque peut-être, grâce à un tout-puissant auxiliaire, ajouta Rodin avec un sourire étrange, ces passions peuvent doubler d’ardeur et de violence…

— Et cet auxiliaire… quel est-il ? demanda le père d’Aigrigny, qui, ainsi que la princesse de Saint-Dizier, ressentait alors une sorte d’admiration mêlée de frayeur.

— Oui, reprit Rodin sans répondre au révérend père, car ce formidable auxiliaire, s’il nous vient en aide, peut amener des transformations foudroyantes, rendre pusillanimes les plus indomptables, crédules les plus impies, féroces les plus angéliques…

— Mais cet auxiliaire…, s’écria la princesse oppressée par une vague frayeur, cet auxiliaire si puissant, si redoutable… quel est-il ?…

— S’il arrive enfin, reprit Rodin toujours