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ainsi dire si sereine, que le révérend père et la princesse restèrent confondus.

Ils se sentaient étrangement dominés et imposés par ce vieux petit homme si laid et si sordide.

Le père d’Aigrigny connaissait trop les coutumes de sa compagnie pour croire son humble secrétaire capable de prendre subitement sans motif, ou plutôt sans un droit positif, ces airs de supériorité transcendante… Bien tard, trop tard, le révérend père comprit que ce subordonné pouvait bien être à la fois un espion et une sorte d’auxiliaire expérimenté qui, selon les Constitutions de l’ordre, avait pouvoir et mission, dans certains cas urgents, de destituer et de remplacer provisoirement l’agent incapable auprès duquel on le plaçait préalablement comme surveillant.

Le révérend père ne se trompait pas ; depuis le général jusqu’aux provinciaux, jusqu’aux recteurs des collèges, tous les membres supérieurs de la compagnie ont auprès d’eux, souvent tapis, à leur insu, dans les fonctions en apparence les plus infimes, des hommes très-capables de remplir leurs fonctions à un moment donné, et qui, à cet effet, correspondent incessamment et directement avec Rome.

Du moment où Rodin se fut ainsi posé, les