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Cette femme s’avança lentement, et sans paraître s’apercevoir de la profonde impression que causait sa présence.

Elle s’approcha de l’un des meubles incrustés de cuivre et d’étain, poussa un ressort dissimulé dans les moulures de bronze doré, ouvrit ainsi le tiroir supérieur de ce meuble, y prit une enveloppe de parchemin cacheté, puis, s’avançant auprès de la table, plaça ce papier devant le notaire, qui, jusqu’alors immobile et muet, le prit machinalement.

Après avoir jeté sur Gabriel, qui semblait fasciné par sa présence, un long regard mélancolique et doux, cette femme se dirigea vers la porte du vestibule restée ouverte.

En passant auprès de Samuel et de Bethsabée, toujours agenouillés, elle s’arrêta un instant, inclina sa belle tête vers les deux vieillards, les contempla avec une tendre sollicitude ; puis, après leur avoir donné ses mains à baiser, elle disparut aussi lentement qu’elle avait apparu… après avoir jeté un dernier regard sur Gabriel.

Le départ de cette femme sembla rompre le charme sous lequel tous les assistants étaient restés pendant quelques minutes.

Gabriel rompit le premier le silence, en murmurant d’une voix altérée :