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son aveuglement, il était la cause et l’instrument involontaire de cette abominable spoliation.

Aussi, lorsque le notaire, après s’être assuré de la quantité des valeurs renfermées dans le coffre de cèdre, dit au père d’Aigrigny : « Prenez possession de cette cassette, monsieur. » Gabriel s’écria avec un découragement amer, un désespoir profond :

— Hélas ! l’on dirait que, dans ces circonstances, une inexorable fatalité s’appesantit sur tous ceux qui sont dignes d’intérêt, d’affection ou de respect… Oh ! mon Dieu, ajouta le jeune prêtre en joignant les mains avec ferveur, votre souveraine justice ne peut pas permettre le triomphe d’une pareille iniquité !

On eût dit que le ciel exauçait la prière du missionnaire…

À peine eut-il parlé qu’il se passa une chose étrange.

Rodin, sans attendre la fin de l’invocation de Gabriel, avait, selon l’autorisation du notaire, enlevé la cassette entre ses bras, sans pouvoir retenir une violente aspiration de joie et de triomphe.

À ce moment même où le père d’Aigrigny et le socius se croyaient enfin possesseurs du trésor, la porte de l’appartement dans lequel on