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dit que sa mère était d’origine française… Mais sans doute, il a cru devoir me cacher le but de son voyage… Oh ! c’est un noble et courageux jeune homme que cet Indien ! Où est-il ?

L’Étrangleur jeta un nouveau regard sur Rodin et dit, en accentuant lentement ses paroles :

— J’ai quitté le prince hier soir… il m’a confié que, quoiqu’il eût un assez grand intérêt à se trouver ici, il se pourrait qu’il sacrifiât cet intérêt à d’autres circonstances ;… j’ai passé la nuit dans le même hôtel que lui… Ce matin, lorsque je me suis présenté pour le voir, on m’a appris qu’il était déjà sorti… Mon amitié pour lui m’a engagé à venir dans cette maison, espérant que les informations que je pouvais donner sur le prince seraient peut-être utiles.

En ne disant pas un mot du guet-apens où il était tombé la veille, en se taisant sur les machinations de Rodin à l’égard de Djalma, en attribuant surtout l’absence de ce dernier à une cause volontaire, l’étrangleur voulait évidemment servir le socius, comptant bien que celui-ci saurait récompenser sa discrétion.

Il est inutile de dire que Faringhea mentait effrontément. Après être parvenu dans la matinée à s’échapper de sa prison, par un prodige de ruse, d’adresse et d’audace, il avait couru