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Agricol, on m’a dit, comme à mon père, que, sur ma simple déposition, l’on ne pouvait agir… et que l’on aviserait.

À ce moment, Bethsabée, ayant entendu sonner à la porte du bâtiment de la rue, sortit du salon rouge à un signe de Samuel.

Le notaire reprit, en s’adressant à Agricol et à son père :

— Loin de moi, messieurs, la pensée de mettre en doute votre loyauté, mais il m’est impossible, à mon grand regret, d’accorder à vos accusations, dont rien ne me prouve la réalité, assez d’importance pour suspendre la marche légale des choses ; car enfin, messieurs, de votre propre aveu, le pouvoir judiciaire, auquel vous vous êtes adressés, n’a pas cru devoir donner suite à vos dépositions, et vous a dit qu’on s’informerait, qu’on aviserait ; or, en bonne conscience, je m’adresse à vous, messieurs, puis-je, dans une circonstance aussi grave, prendre sur moi une responsabilité que des magistrats n’ont pas osé prendre ?

— Oui, au nom de la justice, de l’honneur… vous le devez, s’écria Dagobert.

— Peut-être à votre point de vue, monsieur ; mais au mien je reste fidèle à la justice et à l’honneur en exécutant fidèlement ce qui est prescrit par la volonté sacrée d’un mourant.